Une nouvelle projection de « Moi Jean Lacombe, marin et cinéaste » est toujours un événement. Sélectionné au prestigieux festival de la mer, le FILMAR 2018 d’Hendaye (du 22 au 25 mars), vous avez pu le découvrir ce SAMEDI 24 MARS 2018 à 9 h à l’auditorium Sokoburu d’Hendaye. 9 h, un horaire idéal pour tous les amoureux de la mer, lesquels, on le sait aiment se lever tôt !
Le film n’ayant pas été produit cette année, il n’était pas en compétition officielle, mais pouvait prétendre néanmoins au plaisir de votre regard
Entrée gratuite. Laissez vos messages ici à l’issue de la projection.
En savoir plus http://filmar.hendaye.com/
« A mon réveil, le 23 janvier, il y avait attroupement sur le quai : journalistes, photographes, télévision, actualités cinématographiques ! Les navigateurs solitaires viennent rarement à Porto Rico, et mon minuscule Hippocampe est spectaculaire. Ma barbe aussi sans doute. » Jean Lacombe dans « A moi l’Atlantique ! », Robert Laffont
Voilà le seul film consacré à Jean Lacombe, célèbre pour avoir couru la première transat anglaise de 1960, puis à bord d’un Golif, celle de 1964 qui lui valut aux côtés de Tabarly les félicitations du Général De Gaulle ! Le documentaire dévoile l’intimité de ce navigateur autodidacte, opiniâtre et révolté, exilé à New York pour vivre dans la marge et la liberté. Avec une caméra 16 mm, Jean Lacombe a filmé ses multiples traversées de l’Atlantique Nord toujours à bord de petits voiliers. Après sa mort en Martinique en 1995, la famille de Jean Lacombe confie ce trésor de bobines de film à Eric Vibart et Laurent Charpentier, journalistes à Voiles et Voiliers. La réalisatrice Fabienne Issartel viendra plusieurs années après terminer avec eux ce travail de résurrection de « Jeannot », personnage hors-normes qui nous donne à tous la force de suivre notre destin.
LE FILM A ETE RECOMPENSE EN 2014 PAR LE PRIX du film « MEMOIRES DE LA MER » de la Corderie Royale de Rochefort
Jean Lacombe : le Kerouak de l’Atlantique !
Aventurier plus que marin de compétition, Jean Lacombe fit de l’Atlantique nord, tempétueux et froid, de façon obsessionnelle, son domaine d’élection. Marginal, enthousiaste, il accepta délibérément une vie précaire à New York où il s’était établi dès les années cinquante pour assouvir dès qu’il le pouvait sa passion dévorante de navigations sur des bateaux qu’il voulait absolument de taille modeste (de 5, 48 m à 7, 42 m). A l’aube de la plaisance moderne, il a traversé l’Atlantique sur le premier voilier en polyester.
Issu d’un milieu populaire, artisan maroquinier à Paris, Jean Lacombe, sextant en main acheté aux puces, sera un “clochard céleste” à la manière d’un Slocum. Sans aucune expérience maritime, il construira lui-même son premier bateau, refusa toujours tout sponsoring qu’il considérait comme une compromission. Franc-tireur, attaché par-dessus tout à son libre-arbitre, il assuma jusqu’au bout les conséquences de ses choix. Son seul viatique était sa foi, la certitude que l’aventure lui ouvrirait les portes d’une vie libre initiatique.
Dès 1960, il emporte avec lui une caméra 16 millimètres mécanique et des boîtes de pellicule inversible. Auto-filmeur avant l’heure, son habileté d’opérateur alliée à ses qualités de photographe – profession qu’il exerça aussi à New York – permettent de bénéficier d’une matière visuelle d’une étonnante richesse. Hormis un montage personnel jamais diffusé de 662 mètres (environ une heure), le marin cameraman a laissé de très nombreux rushes (extraits de reportages, moments d’intimité en mer ou à terre) numérisés pour le film que personne n’avait jusqu’alors visionnés.
En suivant ce chemin solitaire, sa vie devint une quête qu’il évoque dans des manuscrits dont beaucoup sont restés inédits. Dans « A moi l’Atlantique », seul livre publié chez Robert Laffont en 1957, il raconte l’épopée de sa toute première traversée en 55, sur « Hyppocampe », bateau qu’il avait imaginé, dessiné et fait construire à Sartrouville près de Paris. Il relate ses Transatlantiques, dont celle de 1960 sur un « Cap Horn » dans les revues maritimes de l’époque. Il esquisse aussi le début d’une curieuse autobiographie militante qu’il appelle « moi, un blanc marron ! ».
Nous avons besoin de croiser des vies d’hommes libres comme celle de Jean Lacombe assumée jusqu’à la perfection, pour avoir l’énergie de réaliser nos propres rêves. Alors il fallait aussi achever le travail du Jean Lacombe cinéaste, dans le respect de l’esprit qu’il avait voulu insuffler. Ce fut ma mission. Débrouillard, fantasque, râleur, toujours en mouvement, acharné à perfectionner un idéal réclamant volonté et courage, Jean Lacombe a tracé un sillage unique dans l’histoire de la voile hauturière. Sur sa route, il aurait pu croiser un Kerouac…
Fabienne Issartel, réalisatrice
L’entretien bouleversant avec Pierre Gazarian, l’ami de New-York de Jean, tourné pour le film, est ici en entier :
Cliquez sur ce lien pour écouter Pierre Gazarian :
Autres articles concernant le film sur ce site :
Sortie du DVD, et témoignage de l’ami new-yorkais de Jean, Pierre Gazarian :
Le premier bateau de Jean Lacombe retrouvé :
Le film au Festival Etonnants Voyageurs :
A propos du festival FILMAR dans la presse :
Jean Lacombe pose sur le Golif dans les chantiers Jouet. Photos de Roland de Greef :
https://rolanddegreefphotos.photoshelter.com/gallery/G0000xFuak3ZpT0Y